22.04.2024
CULTURE & VOUS
Coming out et Mémoires à la Galerie de l’Ouvrage
RCF : Bonjour et bienvenue à toutes et à tous, nouveau numéro donc de l’émission où on va accueillir beaucoup d’invités. Ça fait plaisir de voir la table si bien garnie, si je puis dire, juste en face de moi. On va parler d’un collectif d’artistes « Place O’Arts ». On avait appris à faire leur connaissance il y a quelques années. C’était le tout début de Place O’Arts. Mais maintenant ça se développe bien avec une exposition qui dure encore jusqu’à la fin de ce mois d’avril. Une exposition d’art, de photographie, notamment, à la Galerie de l’Ouvrage, qu’on va apprendre à découvrir avec les invités du jours : Christine Donjean, pour représenter le collectif Place O’Arts ; et puis deux artistes Sh’iel Poppy & Elena Candiotte, qu’on va apprendre à mieux connaitre pendant cette émission. Eh bien, bonjour à tous les trois.
Alors, c’est la première fois pour Sh’iel Poppy. C’est la première fois pour Elena Candiotte mais ce n’est pas la première fois pour Christine Donjean. Alors, peut-être, vous pouvez avant de faire connaissance, donc, avec nos deux artistes, expliquer un peu le projet de cette exposition Galerie de l’Ouvrage.
Christine : Oui, alors, peut-être un petit mot pour expliquer où en est le collectif. On a bien évolué depuis la première interview qu’on a faite ici il y a deux ans. Et donc, maintenant, nous totalisons un collectif de 65 artistes-plasticiens. Donc, ça devient assez important, maintenant. Et, alors cette galerie, oui, ça c’est un concept tout à fait novateur. La Ville de Namur essaie de lutter et assez efficacement d’ailleurs contre les surfaces commerciales vides. Donc, elle taxe les propriétaires des surfaces vides sauf s’ils contractent avec un ASBL. Et donc nous, évidemment, comme ASBL artistique on a sauté sur l’occasion et donc on a loué ce grand espace de 120 m2 qui se trouve en plein centre-ville au coin de la rue de Bruxelles et de la rue de l’Ouvrage. Et on peut donc tous les mois, puisqu’on renouvelle la programmation tous les mois. On peut donc, proposer à un ou à deux artistes, parfois même trois, finalement d’exposer en plein centre-ville. (2 :41) Donc c’est un concept où tout le monde se retrouve parce que effectivement il y a moins de surfaces commerciales vides à Namur qu’ailleurs. C’est un fait. Le propriétaire est très content puisque le lieu est occupé. Les artistes et nous sommes extrêmement contents de pouvoir être là. Il n’y a rien de tel évidemment que de pouvoir montrer le travail des artistes au centre-ville. Donc, tout le monde s’y retrouve. Et donc, bien sûr, on est là à titre entre guillemets précaire mais ça dure, et ça risque encore de durer. Et de toute façon, si jamais ça venait à s’arrêter, nous contractons un nouveau bail immédiatement.
RCF : (3 :19) Avec donc deux artistes qui ont rejoint le collectif. Je vais commencer par Sh’iel Poppy. Bonjour Sh’iel.
Sh’iel : Bonjour.
RCF : Alors, toi tu es photographe ?
Sh’iel : Moi, je suis photographe. Oui.
RCF : Et alors, comment tu es arrivé dans ce milieu-là ? Tu as la partie on va dire qui s’intitule « Coming out » dans cette exposition.
Sh’iel : Tout à fait.
RCF : Expo de photographie. On peut commencer à faire connaissance. Voilà.
Sh’iel : Alors la photographie c’est quelque chose que je fais depuis l’âge de dix ans. Comme hobby. Comme passion. Et c’était surtout, bah, ça pendant … parce que j’ai plus de 40 ans ; là pendant quand même 20-30 ans. C’était plus de la photo de voyage. Et de la photo comme ça. Donc, juste des souvenirs. Des bons souvenirs. Mais ça m’a permis un petit peu de maitriser les objectifs et les appareils photos (4 :00). Et après, il y a – suite à des événements dans ma vie, dont un burnout, et des manques an niveau personnel. J’ai, il y a des choses qui se sont bouleversées. Et j’ai cherché, justement, à développer ce côté artistique qui était en moi, via la photographie. Et lors d’un workshop à Namur, j’ai décidé d’essayer de faire de la photo avec des modèles. Et j’ai vraiment pris goût à ça. Et depuis lors, ça s’est développé. Et là je pense qu’on parle d’il y a 7 ans, plus ou moins. Parce que sur mon site la dernière, la première photo, ou la plus ancienne date d’il y a 5 ans. Et je suis autodidacte pour tout. Donc, c’est vraiment moi qui ait essayé. Et l’exposition qui est présentée là est vraiment l’aboutissement d’un cheminement personnel. Et des essais de différentes techniques. Vous verre, enfin, il n’y a pas un sujet – à part le fait que je photographie des modèles. Mais l’approche est vraiment pluridimensionnelle. Il y a vraiment beaucoup de choses.
RCF : (5 :04) Ça veut dire quoi une approche pluridimensionnelle ? Quelles sont un peu ces différentes facettes que vous mettez derrière le pluri – dimensionnelle – justement ?
Sh’iel : Dans les photos que j’ai là … qui sont exposées, il y a beaucoup de photos sensuelles parce que j’aime bien le corps de la femme. C’est quelque chose que j’essaie de mettre en avant. Il y a des aspects photographiques liés aux films noirs. J’ai une petite série de 12 pièces qui racontent en fait un petit événement qui se passe dans la vie d’une personne. On est dans le film noir, donc c’est très sombre. Donc là on met moins en valeur la plastique ou le corps de la personne. C’est une histoire et donc c’est un petit peu là le côté pluri-dimensionnel. C’est que en fonction des pièces, il y a une technique différente. Il peut y avoir des personnes qu’on voit entièrement. Il peut y avoir des portraits. C’est un petit peu ça qu’il y a. Il y a aussi un quasi-autoportrait. Donc, c’est un portrait de moi mais fait par une modèle-photographe lors d’un shooting que j’avais organisé.
RCF : (6 :00) D’accord.
Sh’iel : Voilà. Donc, ça représente un petit peu ça. Il y a des polaroids. Il y a différentes techniques. Différentes approches. Différents concepts.
RCF : D’accord. On va découvrir ça encore un peu plus. Et Elena Candiotte, vous avez rejoint aussi le collectif et Place O’Arts. Comment on peut un peu vous situer au niveau artistique, Elena ?
Elena : Oh, j’ai travaillé énormément à la peinture. Je me suis dédiée à la peinture pendant plus de 30 ans. Et voilà. J’étais plutôt connue comme peintre et maintenant je suis plus dans la sculpture. Pour moi, c’est le même chemin. Évidemment, il y a beaucoup de personnes qui apprécient ... ils ont une appréciation différente. Disons, c’est comme une coupure. Ils le ressentent comme une coupure, mais moi je le ressens comme la suite logique dans la recherche artistique.
RCF : (6 :58) Quand on regarde un peu les informations sur internet on voit que vous êtes présentées comme étant mi-péruvienne mi-italienne. Est-ce que vous vous reconnaissez là-dedans ? Concrètement, est-ce que c’est des influences qui vous ont quand même marqué aussi au niveau artistique ?
Elena : Je suis Péruvienne de naissance. Je suis née au Pérou. …
RCF : Et vous êtes d’essence Péruvienne aussi.
Elena : Oui. Je suis une amoureuse inconditionnelle des cultures péruviennes. Qui sont énormes. Une grosse, grosse quantité, on peut dire, une grande variété de culture. On a des influences un petit peu de partout. De partout au monde. Des influences japonaises, européennes, enfin, chinoises. Africaines. Nous sommes … italienne. Voilà. Nous sommes un amalgame de toutes ces cultures. C’est ça … le monde de maintenant. Et puis, je suis belge avant d’être italienne de cœur, je suis belge de cœur. Et pour toutes sortes de raisons, j’étais mariée en Belgique. Et j’étais mariée à un photographe merveilleux qui s’appelait Michel Papeliers. Et il a laissé une superbe œuvre en photographie. Mais je parle des années 80, par là. 80,90. Et je suis italienne par descendance parce que la communauté italienne comme beaucoup des autres communautés sont … se sont installées au Pérou et ont influencé… tout. Leur présence a été définitive pour la formation de ce que c’est ce Pérou de maintenant.
RCF : (8 :47) Et bien on va découvrir tout ça. C’est un plaisir vraiment d’accueillir cette diversité déjà autour de la table. De plusieurs points de vue. Alors, un premier extrait sonore, musical. Ils ont été choisis pour cette émission par Sh’iel Poppy. « Respect » de Aretha Franklin. Pourquoi c’est une chanson que vous aimez, qui vous parle, ou qui porte un message qui vous tient à cœur ?
Sh’iel : (9 :10) Je pense que c’est très important le respect des êtres humains. Ici, le respect de la Femme. Étant une personne non-binaire je me trouve un petit peu entre la masculinité et la féminité qui existe dans le genre humain. Et depuis mon coming out, qui s’est fait au mois de juin – d’où le titre de mon exposition, entre autres – ben, je regarde que le regard que les gens portent sur moi est très différent. Et je comprends, en fait, encore mieux maintenant sachant que ma féminité a vraiment explosé, a vraiment … est clairement visible, que le respect est important. Et que la vision change en fonction du genre de la personne. Et donc je voulais un peu mettre cela en avant.
Chanson – 9 :49
RCF : (11 :34) Et bien tout ça ça nous donne la pêche. Ça nous donne envie d’aller de l’avant. Et d’aller voir cette exposition à la Galerie de l’Ouvrage. On a encore un peu de temps pendant ce mois d’avril pour voir le monde, l’univers de la photo avec Sh’iel Poppy. L’univers…, on peut dire quel type d’art finalement avec vous Elena Candiotte ?
Elena : Je crois que c’est vraiment difficile de cataloguer, eh, un artiste.
RCF : Même un type d’art ? Vous n’êtes pas plus photo, peinture, uniquement ? Vous variez aussi à ce niveau-là les plaisirs ?
Elena : Oui, oui, oui. Bon, j’ai passé par une quantité d’expériences. Disons, une diversité d’expériences. Mon français quelques fois… C’est quelque chose de terrible. Et bien, j’ai touché un peu à tous les matériaux. Je me suis lancée sur des concepts différents. Maintenant, j’ai opté par le verre. Et en travaillant le verre, j’ai pris aussi, je me suis décidée pour la résine. J’ai décidé… disons, j’ai visualisé à un moment donné que je devais travailler en ce qui concerne des sculptures. Je devais m’attaquer à un sujet en particulier. Et travailler ce sujet sous la forme de séries. Et c’est ce que je fais maintenant…
RCF : (12 :54) Vous avez des sujets qui vous intéressent plus que d’autres. Du coup, des sujets que vous traitez …
Elena : Disons, que je m’intéresse à tout. Mais il y a une grande distance entre nos intérêts et finir, concrétiser, tous ces intérêts, sous une forme définitive. De formes qui parlent. Qui expriment. A travers desquelles on arrive à dire quelque chose. A transmettre. A la fin dans l’art et dans l’expression, on transmet des impressions, des sentiments, des émotions. On ne transmet pas nécessairement les messages. Sauf dans des créneaux particulièrement clairs. Comme dans la photographie, par exemple, l’image. Et même si on parle de peinture, on n’arrive pas à transmettre vraiment. Le peintre n’arrive pas à raconter tout ça. Il faudrait, une histoire à côté de chaque tableau pour pouvoir … Moi, en tout cas, je suis consciente de ça par l’expérience par le long travail qui me précède. Alors, dans les sculptures, j’ai choisi un sujet que je tiens beaucoup à cœur et c’est la mémoire. (14 :19) Et j’ai opté par concrétiser ce message, si on peut dire ça comme ça, à travers les sacs et les valises, parce que, pour moi, c’est le symbole vraiment de la charge qu’on porte. Et avec les sacs et valises, on peut essayer de transporter le tout.
RCF : ça dépend de ce que l’on met dans le sac ou la valise, hein. Il y des choses qui pèsent plus lourd que d’autres.
Elena : Ou là là. Il y a des choses très lourdes. Je suis plus intéressée par les choses lourdes que par les détails ou par l’anecdotisme parce que c’est aussi chaque œuvre, chaque décision, c’est l’opportunité d’approfondir dans la réflexion. Pas seulement parce que on pense aux spectateurs. Sinon, parce que chaque œuvre c’est l’occasion de faire un chemin. D’aller plus loin et d’approfondir dans nous-mêmes.
RCF : (15 :25) Oui. Je me retourne vers Sh’iel Poppy. Vous pensez quoi de ce que dit Elena Candiotte ? Et comment vous vous avez situé votre univers dans cette exposition avec pour thème « Coming out » ? On sent aussi l’engagement personnel. Il y a quelque chose que vous voulez aussi transmettre, j’imagine, un peu comme le dit Elena, il y a de la transmission.
Sh’iel : C’est vrai que l’histoire de chacun est importante et c’est quelque chose qu’on peut apporter au monde. Et puis après, voilà, les visiteurs qui viendront à l’expo reprendront, sortiront avec ce qu’ils ont compris. Ce qu’ils ont ressenti. Et oui, c’est vrai que dans mon cas, ce que je mets en avant de par l’intitulé « Coming out » c’est vraiment un … je veux pas dire un aboutissement parce qu’en fait je suis vraiment au début d’une transformation personnelle et je ne sais pas du tout où elle va me mener. Mais c’est vrai que c’est les … L’aspect de la féminité en fait pour moi, c’est le point le plus important que je veux faire sortir dans l’exposition et dans la photo en général. Et au final, c’est cette féminité-là qui est en train de chambouler ma vie. Qui est en train de chambouler ma personne parce que c’était … quand je disais tout à l’heure que j’ai fait mon Coming Out au mois de juin, c’est suite à des événements qui se sont passés il y a moins d’un an. Avant ça, je ne me voyais pas du tout me poser la question du genre. Je me voyais en tant qu’homme hétérosexuel, tout simplement. Et depuis lors, mon monde a complètement changé. A complètement vacillé.
RCF : (16 :50) Et la photographie a été justement un peu une … un appui par rapport à ce questionnement-là ? ou une façon d’exprimer tout ça ?
Sh’iel : Mais, la photographie, surtout avec modèles, c’est elle qui m’a permis en fait de rentrer dans le monde de la Femme, avec un grand F. D’apprendre à apprivoiser ce monde-là que je ne connaissais pas. J’étais une personne très timide. Et donc, les relations avec les personnes du genre/sexe féminin ne … voilà je n’y arrivais pas à les gérer correctement du tout. Donc là, j’avais un déficit … euh, façon de parler. Justement, le fait de m’essayer justement à cet art et de l’approcher de cette manière-là m’a permis de découvrir un monde que je ne connaissais pas. Et petit à petit, je pense que ça fait partie des graines qui ont été semées. Et qui ont mené justement à l’explosion de ma féminité.
RCF : (17 :40) Oui, c’est ça, parce que c’est un monde que vous ne connaissez pas ; que vous ne connaissiez pas et qui en même temps maintenant vous sentez présent en vous. Indirectement. C’est ça
Sh’iel : Oui.
RCF : Une féminité qui vous est à vous. Qui vous est propre.
Sh’iel : Oui, voilà. Et qui était inconsciente au niveau de l’ampleur parce que tout le monde a une part de féminité et de masculinité en soi. Et c’est vrai que c’est au mois de mai et juin de l’année passée que tout est sorti en une fois et qu’il n’y a plus de retour en arrière.
RCF : Une qui en a bien parlé, bien chanté à ce niveau-là, c’est Mylène Farmer. C’était aussi un choix : « Sans contrefaçon ». Alors elle, elle le chante dans l’autre sens, on pourrait dire.
Sh’iel : C’est un contrepied, on est d’accord.
RCF : Un contrepied. Une chanson qui vous parle aussi ?
Sh’iel : Ben, on est vraiment dans le sujet de la transidentité. Et c’est vrai que c’est pour ça que je l’ai choisi quand je vous l’ai proposé. En disant, voilà, c’est un sujet important. Il y a deux genres sur terre mais une infinité de diversités entre les deux…
RCF : (une infinité) de façons de le dire, absolument.
Sh’iel : … et de le vivre. Et il faut que chacun puisse le vivre comme il le ressent. Sans barrière extérieure, sociétale.
RCF : C’est important de le dire, je crois. On va écouter Mylène Farmer qui le dit aussi avec ses mélodies. « Sans contrefaçons ».
Chanson – 18 :48
RCF : (21 :10) C’est évidemment Mylène Farmer qui nous envoie des messages importants évidemment, qui rejoignent ceux de l’exposition que vous pouvez voir à la Galerie de l’Ouvrage avec Sh’iel Poppy ; avec aussi Elena Candiotte, qui d’ailleurs fait aussi des colliers, apparemment. C’est ce qu’on nous souffle pendant la pause. Il y a des colliers aussi ?
Elena : Oui, disons que dans le thème de la mémoire, qui est énormément vaste, je réalise des colliers impraticables. Ce sont des compositions faites avec des pièces récupérées ; que je trouve fantastiques parce qu’il s’agit de verre. Et le verre est magique. C’est un matériel qui transmet des tas de choses. Qui transmet, je dirais des sensations qui sont là pour les toucher. Qui nous atteint …
RCF : Par les différents sens.
Elena : Sérieusement. Oui. Et pour le créateur, c’est toujours une surprise parce que on ne sait pas dire à l’avance quel changement sont capables d’exprimer les verres que nous travaillons nous-mêmes. Alors, voilà, les colliers sont des pièces uniques. C’est un choix très sélectif et c’est pas possible de les porter évidemment. Ils s’appellent les colliers parce que c’est une suite de pièces.
RCF : (22 :36) Oui, d’accord. J’avais encore de vous poser une question à l’un et l’autre. Quand vous avez su que vous alliez travailler ensemble. Est-ce qu’il y a eu un travail à tous les deux ensemble ? Comment vous voyez l’univers de l’autre, finalement, parce que quand on vous entend on perçoit de la diversité justement ? de la différence, de l’hybridité, je ne sais pas comment il faudrait le dire. Christine, peut-être synthétisera tout ça. Comment, ça s’est passé le regard que vous portez sur la partie de l’autre, si je puis dire ? Sh’iel et puis Elena ?
Sh’iel : On a été présenté en fait lors d’un vernissage d’une exposition précédente, justement à Place O’Arts. Et, Elena m’avait montré des photos de ce qu’elle avait fait avant. Elle avait fait en fait des corsets, des corsages en verre. Et, ben moi, j’avais retrouvé en fait de la féminité dans ce qu’elle avait fait. L’utilisation du verre, la transparence, qui pour moi est tout en finesse. Et je trouve qu’il y a une complémentarité qui se retrouve là.
RCF : Oui d’accord. Les deux thèmes entrent en dialogue aussi en fait, c’est pas deux choses différentes.
Sh’iel : Oui, ben là, le collier c’est féminin aussi. Donc voilà, il y a une complémentarité ne fut-ce que par ça.
RCF : Oui, très bien. Elena, comment vous regardez justement vous l’univers de Sh’iel ?
Elena : (23 :43) Eh bien, pour moi, d’abord quand j’ai connu Sh’iel, j’ étais subjuguée… par son originalité, sa personnalité, et parce que je crois qu’il faut absolument célébrer la différence. Et, je me suis dit, voilà, une personne, pas seulement originale, une personne exceptionnelle, talentueuse, quand j’ai connu ses photos. Et puis, je trouve qu’il y a un feeling comme ça très particulier. Au moins, de ma part vis-à-vis de lui. Pourquoi ? Parce que si les artistes ne sont pas nécessairement, nous ne bougeons pas dans le monde comme tout le monde, la plupart des personnes dans le monde. Et nous ne comprenons pas le monde de la même façon. Ni les personnes de la même façon. Alors je crois qu’il y a des êtres qui sont là pour nous apporter. Et voilà. Nous apporter des choses merveilleuses. Et nous apporter toujours une vision beaucoup plus longue, beaucoup plus grande, beaucoup plus ouverte sur le monde, sur nous-mêmes, sur les êtres humains. Voilà.
RCF : Beau message que vous nous envoyez. Franchement, l’un comme l’autre. Christine Donjean, peut-être pour la conclusion ?
Christine : (25 :04) Ben oui, le projet de Place O’Arts en entendant ces deux artistes, il est justifié, en fait. C’est un creuset. Particulièrement quand on fait des expositions où on met en fait en présence deux ou trois artistes ; ici deux, on sent bien qu’il y a une alchimie qui se crée. Il y a des liens très particuliers qui se créent. Il y a des correspondances qui se trouvent. Et pour nous, c’est absolument magnifique. Et je dois vous dire, quand on a vu les œuvres, en particulier les œuvres de Sh’iel qu’on n’avait pas vraiment vues en vrai avant …
RCF : Et quand on voit la personne en plus, ça donne encore toute autre chose. C’est marrant.
Christine : Ah oui, et quand on voit les œuvres nous étions, Géry Pirlot de Corbion qui est associé pour la Galerie avec Place O’Arts, on était subjugué, en fait, par l’ambiguïté, aussi par le talent qu’il a montré. Cette ambiguïté ; ce monde, en fait, du polar aussi, qui est très très particulier. Donc, ce sont des œuvres qui parlent profondément en fait, à celui qui les regarde. Vraiment, c’est évident. Et donc, peut-être dire, oui, que cette Galerie c’est vrai que c’est un lieu hybride. On vient d’en avoir la démonstration. Mais c’est un lieu aussi où on met en scène volontairement, on permet d’exposer, à des artistes vivants, parce que c’est important pour nous de leur permettre de montrer leurs œuvres mais de les vendre aussi. Or là, ça se fait. Parce qu’on doit pas négliger cet aspect-là. Les artistes ont besoin de vendre leurs œuvres, tant qu’ils sont là, en fait. Maintenant, on a aussi des œuvres parfois qui sont plutôt des œuvres du 20e siècle. Et ce que nous remarquons c’est que pas mal de personnes entrent parce qu’ils ont vu un Alechinsky, parce qu’ils ont vu un Banksy, parce qu’ils ont vu un Michaux. Et puis, finalement, ils découvrent un univers d’artistes bien vivants qui sont très novateurs, comme ceux que nous exposons pour le moment. Et donc c’est ça en fait l’alchimie du lieu. Parce qu’elle est là. Elle est vraiment là et on la reconnait en fait oui.
RCF : (27 :03) Et donc on peut visiter l’exposition tout le mois d’avril …
Christine : Oui, tout le mois d’avril. On est ouvert le jeudi, le vendredi, et le samedi après-midi. Tout le temps. Toutes les semaines. Et c’est de 14h à 18h. Entrée évidemment libre. Et on nous dit qu’on n’est pas trop mal reçu quand on vient chez nous. On a toujours une tasse de café, on a toujours …
RCF : Ben dit donc.
Christine : Oui, on a toujours quelque chose à partager avec les visiteurs, oui.
RCF : Bien, merci à tous les trois. Vraiment. C’était une belle rencontre. Et on va se quitter avec un troisième choix de chanson : « Man, I feel like a woman ». On est toujours bien évidemment dans le thème. Pour terminer, mais vraiment, on vous invite à aller voir cette exposition Galerie de l’Ouvrage. Merci encore Sh’iel Poppy. Merci encore Elena Candiotte. Et merci évidemment Christine Donjean pour rendre tout cela possible aussi. Et on se quitte donc avec « Man, I feel like a woman ».
~